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Jocari (latin iocari s’amuser, iocus jeu)

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Cicéron, Des vrais biens et des vrais maux, Livre V, 15 (42-43)

Texte

[5,15] XV. (42) (...) Quae similitudo in genere etiam humano apparet. Parui enim primo ortu sic iacent, tamquam omnino sine animo sint. Cum autem paulum firmitatis accessit, et animo utuntur et sensibus conitunturque, ut sese erigant, et manibus utuntur et eos agnoscunt, a quibus educantur. Deinde aequalibus delectantur libenterque se cum iis congregant dantque se ad ludendum fabellarumque auditione ducuntur deque eo, quod ipsis superat, aliis gratificari uolunt animaduertuntque ea, quae domi fiunt, curiosius incipiuntque commentari aliquid et discere et eorum, quos uident, uolunt non ignorare nomina, quibusque rebus cum is aequalibus decertant, si uicerunt, efferunt se laetitia, uicti debilitantur animosque demittunt. quorum sine causa fieri nihil putandum est.
(43) Est enim natura sic generata uis hominis, ut ad omnem uirtutem percipiendam facta uideatur, ob eamque causam parui uirtutum simulacris, quarum in se habent semina, sine doctrina mouentur; sunt enim prima elementa naturae, quibus auctis uírtutis quasi germen efficitur. Nam cum ita nati factique simus, ut et agendi aliquid et diligendi aliquos et liberalitatis et referendae gratiae principia in nobis contineremus atque ad scientiam, prudentiam, fortitudinem aptos animos haberemus a contrariisque rebus alienos, non sine causa eas, quas dixi, in pueris uirtutum quasi scintillas uidemus, e quibus accendi philosophi ratio debet, ut eam quasi deum ducem subsequens ad naturae perueniat extremum. nam, ut saepe iam dixi, in infirma aetate inbecillaque mente uis naturae quasi per caliginem cernitur; cum autem progrediens confirmatur animus, agnoscit ille quidem naturae uim, sed ita, ut progredi possit longius, per se sit tantum inchoata. 

Traduction

[5,15] XV. (…)
Telle est aussi l'histoire de l'homme. On dirait des enfants gisant dans leur berceau, qu'ils n'ont point d'âme. Quand ils commencent à avoir un peu de force, ils commencent aussi à faire quelque usage de leur esprit et de leurs sens; ils tâchent de se tenir debout, ils se servent de leurs mains, et reconnaissent les personnes qui les élèvent. Plus tard ils se plaisent avec les enfants du même âge; ils s'assemblent volontiers en troupe et se prêtent de tout coeur à former des jeux; ils sont ravis d'entendre des fables, ils donnent volontiers à leurs compagnons ce qu'ils ont de trop. Ils prennent curieusement garde à tout ce qu'on fait au logis; ils commencent à inventer, et à apprendre; ils veulent savoir les noms de ceux qu'ils voient. Si dans leurs luttes avec leurs égaux ils sont victorieux, ils ne se sentent pas de joie; s'ils sont vaincus, ils sont tristes et abattus. Et ce n'est point sans fondement que tout se passe de la sorte dans ces jeunes esprits. Car dans la nature de l'homme on trouve une disposition secrète et profonde à recevoir toutes les vertus; c'est ce qui fait que les enfants, sans aucun autre enseignement que celui de la nature, se sentent excités par les apparences des vertus dont ils portent en eux les semences. Ce sont là comme les premiers éléments de la nature; ces germes se développent, et l'oeuvre de la vertu s'accomplit. Nous sommes nés et faits de telle sorte que nous avons en nous certains principes d'activité, d'amitié, de libéralité, de reconnaissance, et que notre esprit est capable de science, de prudence et de force, en même temps qu'il éprouve de l'aversion pour l'ignorance et la faiblesse C'est ce qui explique ces étincelles de vertu, que nous voyous dans les enfants, étincelles où doit s'allumer pour le philosophe le flambeau de la raison qui nous guidera comme une divinité dans toute notre vie, et nous fera parvenir à la perfection de notre nature. Or, comme je l'ai dit souvent, dans la faiblesse de l'âge et l'imbécillité de l'âme, ce n'est qu'à travers un nuage qu'on peut entrevoir le vrai génie de sa nature; mais quand l'âme se développe et se fortifie, elle arrive enfin à voir clair dans cette nature qu'elle trouve tout ébauchée, mais dont elle peut porter l'excellence beaucoup plus loin.

Texte et traduction : http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/cicero_finibusV/lecture/3.htm

Datation
Ie siècle avant J.-C.

Auteur
Cicéron, en latin Marcus Tullius Cicero (Arpinum, 106 avant J.-C. - Gaète, 43 avant J.-C.), homme d'État romain, avocat et auteur latin.

Extrait de
Cicéron, De finibus bonorum et malorum, Liber V, 15 (42-43). (Traduction française : M. GUYAU, Des suprêmes biens et des suprêmes maux, d'après Cicéron. Paris, Delagrave, 1875)

 

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