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Jocari (latin iocari s’amuser, iocus jeu)

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Jeu de Mehen (ou Jeu du Serpent)

2 à 6 45' à 2h  Moyen  Parcours  Hasard

 

 

 

Autres appellations

Jeu du Serpent.

Description

Les plateaux de jeu ont la forme d'un serpent lové autour de sa tête d'où son nom de Mehen qui signifie “enrouler” ou “celui qui est enroulé”, mais qui s’utilise aussi pour désigner le serpent. Le serpent se trouve indifféremment enroulé dans un sens ou dans l’autre. La spirale concentrique du corps de l'animal présente un nombre variable de circonvolutions divisées par des cases en creux et en relief. Le nombre de cases varie suivant la taille du plateau (d'une trentaine jusqu’à 400 sur une représentation iconographique !).

Matériel

– Un plateau de jeu dont la surface est divisée en plusieurs cases disposées en spirale. Le nombre de cases n’a pas d’importance (minimum 30), mais un plus grand nombre augmente la durée du jeu ;
– 6 séries de couleurs différentes de 6 pions (qui peuvent être des billes), soit 6 pions identiques par joueur ;
– 6 pions plus importants de couleurs différentes (représentant les animaux prédateurs) ou des figurines de lions… soit un pion « prédateur » par joueur ;
3 bâtonnets comportant une face décorée (ou peinte d’une certaine couleur) et une face « neutre » (ou peinte d’une autre couleur).

Règles

L’organisation du jeu reste très hypothétique. D’après les représentations iconographiques et le nombre de pions associés à ce jeu, il semble que le Mehen pouvait se jouer à plus de deux joueurs. Le nombre de billes qui figure sur la fresque de la tombe de Hésy induirait même la participation de six joueurs.
Certains spécialistes établissent un rapprochement avec le Jeu de la Hyène pratiqué de nos jours encore au Soudan, ce qui pourrait permettre de se représenter les règles du Jeu du Serpent. Mais le grand écart chronologique entre ces deux jeux pose évidemment beaucoup de questions.
Une hypothèse plus récente avance, par contre, que les pions utilisés pour le Jeu de Mehen étaient bien les lions et lionnes, mais que les billes auraient servis de moyen d’avancement des pions, en relation avec un jeu (identifié comme étant le Tjau, ou Jeu des Voleurs) dans lequel un des joueurs cache un certain nombre de billes à deviner par l’adversaire.

Préparation du jeu
Chaque joueur reçoit 6 pions de même couleur et 1 pion « prédateur » de couleur assortie.

But du jeu
Hypothèse de jeu établie d'après le Jeu de la Hyène : Faire rentrer ses pions sur la case de départ (la queue du serpent), puis les déplacer jusqu’au centre de la spirale pour les mettre en sécurité. Le premier pion d’un joueur qui arrive au centre libère le pion prédateur de ce joueur, à condition que tous ses pions soient engagés sur le parcours. Le pion « prédateur » peut alors entamer le voyage retour lors duquel il tentera d’avaler le plus possible de pions adverses.

Déroulement du jeu
On trouvera une proposition du déroulement dans C. BREYER, Jeux et jouets à travers les âges. Histoire et règles de jeux égyptiens, antiques et médiévaux, Bruxelles, éditions Safran, 2010, p. 40-41, 43.

Historique

Ce jeu est l'un des plus anciens qui soit attesté en Égypte. Il est pratiqué durant tout le IIIe millénaire, mais il disparaît soudainement à la fin de l'Ancien Empire (vers 2200-2000 av. J.-C.), peut-être à cause des troubles de la première période intermédiaire ou pour des raisons religieuses.
Il apparaît encore sur deux représentations d'époque saïte XXVIe dynastie, 664-525 av. J.-C.), mais il est fort probable que les règles n'en étaient plus connues. Aucun témoignage archéologique ne vient corroborer une possible survivance du jeu aussi tardivement et cette époque est, en outre, réputée pour reprendre des représentations de l’Ancien Empire sans en comprendre le sens.

Symbolique

Sur certains exemplaires, une tête d’oie ou de canard émerge de la queue du serpent (à l’extérieur de la spirale). Cette tête pourrait être une allusion à une très ancienne tradition du Mythe de la Création selon laquelle la vie est apparue sous la forme d’un œuf pondu par une oie (ou un jars dans la version plus récente) et fertilisé par un dieu ayant pris l’aspect du serpent. Il est vraisemblable en tout cas que le jeu recèle toute une symbolique encore obscure à nos yeux ; dans beaucoup de civilisations, le cercle symbolise le temps et l’éternité tandis que la spirale est signe d’immortalité. Dans la civilisation égyptienne plus particulièrement, le serpent symbolisera généralement la vie perpétuellement renouvelée car il semble renaître après chaque mue.

Bibliographie

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Sources

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